-Un développeur de nouvelles compétences rédactionnelles, en marketing/communication virtuelle, en animation de communauté en ligne….
-Un couteau suisse de la communication instantanée en mode textuel,musical, imagerie, radio..
-Un aspirateur/ diffuseur de conversation remplaçant l’email, le téléphone, les forums "…

Qui pourrait s'étonner que dans les mondes numériques le quantitatif des grands nombre se taille une part de plus en plus belle et que, individuellement, les acteurs du web cherchent à s'identifier en termes de performance? A peine y a-t-il eu des sites persos sur l'Internet que les compteurs sur les pages puis le "google rank" ont commencé à jouer leur rôle de "comparaison-compétition". Les diverses hiérarchies des blogs, avec l'arrivée en tête de la catégorie dite des "blogueurs d'influence" a pris la suite: Wikio fournit tous les mois la cartographie du top des blogs...Qu'avec Twitter tout cela se soit multiplié n'est pas vraiment nouveau. Ce qui est nouveau, et là on peut dire que Virilio touche juste, c'est la perte du présent sensible (un présent dans son lien et sa différence avec ce qui vient de se passer et ce qui est en train d'arriver).Alors que dans la blogosphère, le jour est là comme une sorte d'unité de temps commune à tous les humains (peu de blogueurs ont fait plus d'un billet par jour) et que wikio publie ses résultats par mois, ici "le présent" est une succession de flux sans commencement ni fin: c'est un peu comme si une super-machine déversait continûment des cascades de télégrammes sur toutes les surfaces du monde . Pour y assurer "une présence visible " il faut inter-agir continuellement (soit directement soit surtout par followers interposés) d'où l'extrême importance des réseaux (étendre son réseau à l'international, dit FB).On comprend que dans un tel monde, l'essentiel devient vite d'assurer et la permanence et l'autopromotion constante de sa propre identité numérique, on dit maintenant "personal branding" (1).On comprend aussi la relation entre ces fonctionnements et le "look", dont Virilio dit qu'il s'est mis à éclipser l'écrit.
Un peu de nuance ici:
Les twitts renvoient encore par leurs liens à des écrits structurés, mais il n'est pas sûr que celui qui trouve un lien intéressant ait aussi le temps de le lire et il ne lira sûrement pas tous les liens qui pourtant l'ont retenu l'espace d'une seconde.Evidemment, ceux qui écrivent depuis longtemps sur l'Internet et qui sont devenus des célébrités sur Twitter vont continuer à mettre en relation les différents mondes numériques et c'est ce qui est plutôt drôle avec le "monde twitter ": les télégrammes arrivent partout (2).
Les twitts sont composés dans des termes qui s'écartent de plus en plus du fonctionnement relativement partagé de la langue écrite.Bien qu'ils "synchronisent des émotions" ils sont en eux-mêmes "secs", très pauvres.Si donc sur Twitter stricto sensu on ne peut plus déduire une "pensée" et un mode de présence à partir de successions de 140 caractères, il deviendra nécessaire de se mettre en scène d'une manière plus visuelle, afin que le lecteur puisse rassembler toutes les interventions d'une même personne sous une image qui fera synthèse.Et là, c'est bien l'image "top-modèle" qui aura le plus de chances de s'imposer, et plus généralement toutes les techniques pour être et rester "en vue" vont peu à peu devenir plus dominantes.