Corona

   
covid

Ce ne fut pas la guerre, ce fut une pandémie.

On se disait bien depuis quelques années que ça pouvait arriver, que ça arriverait dans le cortège des effets du réchauffement climatique, il y avait eu quelques alertes... Et puis ce fut là et c'est encore là.

Arrêt brutal de presque toute l'activité dans les espaces du "dehors", brusque proximité de la possibilité de la mort pour tout un chacun (enfin presque).

Immédiate mise en place d'autres façons de faire pour continuer à communiquer, toutes les séances de psychanalyse dans le monde se mettant à utiliser tous les moyens "à distance" (telephone, skype etc etc etc). Et cela, aussi bien de la part de ceux qui étaient pour, que de ceux qui étaient contre. Toute la discussion sur la psychanalyse à distance se trouvant comme "déplacée" sous les impacts croisés du danger, de la "réalité", des "lois et interdits" édictés par les gouvernements concernant la circulation des personnes. Toute une expérimentation dans l'improvisation à l'échelle du globe.

Il est maintenant acquis définitivement que la confidentialité ne peut être assurée dans l'exercice de la psychanalyse autrement qu'avec le cadre "divan-fauteuil, présence physique des deux partenaires dans le même espace". Déjà à ce niveau, on sait que certaines précautions devaient être prises dans les régimes peu démocratiques, ou avec des patients bizarres (genre "l'homme au magnétophone" , Les Temps modernes, avril 1969) mais c'étaient des précautions possibles à mettre en oeuvre à l'échelle personnelle. Ici il s'agit de l'ensemble des structures des outils de communication et de leurs niveaux d'imbrication (inconnus et surtout perpétuellement variables) à propos desquels nous sommes tous aveugles quand bien même nous aurions appris beaucoup. Nous devons et devrons subir sans avoir le moyen de la comprendre ni de la changer la puissance des algorithmes des GAFA et autres systèmes dominants futurs (ou choisir de quitter le cyber-espace)

Nous sommes donc devant un incontournable, enfin reconnu comme définitif par les instances qui y ont réfléchi depuis des années, l'IPA par exemple. Comment vont se produire les élaborations d'une telle situation générale ? vont-elles échapper au moins en partie aux différentes formes de déni déjà à l'oeuvre ? Quels mouvements psychiques vont se mobiliser dès lors qu'une pratique concernant l'inconscient va continuer à se passer sur l'Internet, etc etc. Champ de recherche immense ouvert pour longtemps et dont les effets en retour sont pour le moment imprévisibles.

 

Mais ce qui devient une vraie préoccupation, c'est la masse de "matériel " qui a ainsi circulé et qui circule dans le cyber-espace. On sait à quel point la construction de la moindre IA demande une extrêmement grande quantité de données afin qu'elle puisse peu à peu s'affiner, différencier, relier, je dirais même (en riant) "associer". Il est donc assez probable que tous les psychanalystes du monde sans qu'on leur demande quoi que ce soit aient posé - à leur insu- de bonnes bases pour créer le "psychanalyste virtuel" qui ne va pas manquer d'arriver.
 
Genevieve Lombard Bordeaux le 13 mai 2020