Skypanalyse et cyberthérapies

   
Skype et la psychanalyse

Dans mes billets précédents, j'ai suivi une ligne d'approche très stricte: les textes officiels des Congrès de l'IPA, les pratiques officielles des psychanalystes membres de l'IPA, l'IPA se présentant toujours depuis l'origine comme l'héritière et la gardienne de l'héritage freudien.
Je constate que l'IPA ne s'est en rien opposée à la pratique de la psychanalyse par Skype. Pour preuve supplémentaire, il suffit d'aller voir les sites des membres de l'IPA qui la pratiquent et en font la publicité,un au hasard entre bien d'autres.
A mes yeux la conséquence sera la dégradation généralisée de la compréhension des éléments théorico-cliniques nécessaires à la pratique de la psychanalyse, et l'obscurcissement, voire la fermeture à plus ou moins long terme de l'accès à l'inconscient que Freud avait si génialement (et laborieusement) trouvé.

Mais ce qui s'impose pour la séance de psychanalyse proprement dite s'imposerait-il de la même manière pour tout ce qui se propose en ligne en psychologie, psychothérapies, soins, aide (j'ai fait mon petit inventaire-google , chacun peut le faire), et qui se réfère plus ou moins à la psychanalyse? Comme Yann Leroux l'a indiqué, le chantier de réflexion à organiser si on veut pratiquer des psychothérapies grâce à l'internet est immense. Pour l'instant, je ne sais pas ce qui est possible. Ma propre expérience de la communication sur Internet (1), liée à ce que disent ceux qui pratiquent dans des associations d'aide, l'écoute par téléphone par exemple, me laisse penser qu'il est possible de venir en aide à distance à quelqu'un qui serait seul ou isolé, et en différentes formes de souffrance. D'une certaine façon, on pourrait peut-être faire sur l'Internet une partie de ce qu'on entend sous le vocable de "psychothérapie de soutien". Je pense donc que c'est aux psychothérapeutes et à ceux qui les forment de travailler ces questions, d'en élucider la pertinence possible et les limites. Et bien sûr les risques, liés notamment à l'instantanéité, à l'exhibitionnisme-voyeurisme des relations par écrans par exemple, comme on vient de le voir avec ce suicide en direct sur le forum psychologie de doctissimo.Et enfin, comment assurer une réelle formation (quand elle est demandée) pour ces psychothérapeutes d'un nouveau genre?

Pour conclure momentanément, il me parait au moins évident que les psychanalystes doivent absolument tenir bon sur l'essence de leur pratique, ils le doivent pour ne pas dilapider ce qu'ils ont reçus, ils le doivent aussi pour garder les moyens de limiter et de questionner les dérives qui accompagnent l'expansion très rapide du monde cyberpsy. Parmi les psychanalystes, il y a ceux qui se lancent à l'aveuglette dans cette "aventure" cyber , il y a ceux qui ne veulent pas entendre parler de l'Internet et qui se trouvent confortés dans leur repli systématique par les dérives que je viens de pointer, et puis il y a tous les autres qui devraient ouvrir maintenant tous les débats nécessaires à l'acheminement de la psychanalyse et à sa transmission effective dans le XXI°siècle, sans compromissions ni frilosité.
1.Dans les années 1999-2000,je découvrais la communication par mails et news, ses nouveautés et ses limites.J'avais fait remarquer aussi qu'un psychanalyste ne peut pas poser d'acte psychanalytique sur l'Internet, mais qu'il peut profiter de ce nouveau support et des formes particulières de régression qui se produisent pour continuer son..autoanalyse.
Genevieve Lombard Bordeaux 12 novembre 2011