Fin de la confidentialité? (suite)

goya

 

Interrogations, surprise, inquiétude, je constate que depuis les alertes concernant le fonctionnement caché de l'Internet (" La surveillance électronique tous azimuts sur le réseau semble être quelque chose d’inéluctable"1), aucun des psychanalystes ayant loué la psychanalyse à distance avec Skype n'a pris sa plume ou son clavier pour au moins relativiser ou admettre quelques réserves aux affirmations plus ou moins triomphantes par lesquelles ils avaient salué ces soi-disant conquêtes de la psychanalyse. Le seul écho que j'ai eu est venu de Stéphane Vial, sur son fil Twitter.

svial

Ce bref échange montre bien le vif du problème, tel qu'il apparait aussi dans toutes les discussions que j'ai eues dans mon groupe et avec d'autres psychanalystes. Un accord pourrait assez facilement intervenir pour dire qu'une psychanalyse ou une formation psychanalytique ne peut se faire avec ces dispositifs à distance. Mais qu'en est-il des psychothérapies, notamment quand elles se disent "d'inspiration analytique"? (voir pour ça ce que les offres sur Internet disent des formations et compétences de ceux qui pratiquent ainsi). On voit bien qu'au delà des limites qu'il ne faudrait pas franchir ce qui est en cause c'est le travail même avec l'inconscient. Un travail qui met en jeu les inconscients peut-il être régulé et pensé avec les moyens de l'Internet.? Il y a bien sûr l'affirmation massive des partisans sans recul: ce serait pareil. Pour pratiquer l'internet depuis longtemps, je sais que les relations et la vie de la parole et du silence, comme les fonctionnements des fantasmes, y sont bien différents et que-tant que ces différences ne seront pas vraiment prises en compte et étudiées- c'est la megalomanie et les diverses idéalisations de chacun qui seront à la manoeuvre.

Position provisoire

Dans des territoires aussi peu étudiés quant à leurs méthodes et leurs effets possibles, est-il sérieux de développer des pratiques dont nous savons maintenant qu'elles peuvent aussi devenir un matériel d'enquête et de rassemblement de données les plus diverses sur les personnes qui nous feraient confiance?
J'en étais là de mes réflexions quand j'ai lu le dernier interview de George Steiner dans le Figaro (19 août).
"Nous vivons à l’heure de l’abolition du privé et de la manie publicitaire. Nous sommes arrivés à une industrialisation de l’indiscrétion. La psychanalyse a beaucoup encouragé notre incapacité de porter en soi le secret de nos âmes".
Accusation assez terrible et qui mérite d'être prise au sérieux. Ainsi les psychanalystes eux-mêmes participeraient à cette généralisation de "la manie publicitaire" pour laquelle l'internet est un outil d'une extraordinaire efficacité? Il y aurait peu d'élan pour contrer toutes les attaques massives mettant en danger la "privacy" sur l'Internet dans la mesure où les "bénéfices narcissiques" de reconnaissance externe l'emporteraient tellement qu'ils aveugleraient tout un chacun (ceux de l'offre comme ceux de la demande)?

Note1
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Genevieve Lombard Bordeaux 26 août 2013