Ayant dès 2011 critiqué publiquement l'annonce irresponsable du CAPA (China American Psychoanalytic Alliance)-"These treatments are conducted via Skype.Skype, unlike telephones and email, is totally secure"- à propos de l'organisation de la psychanalyse à distance par des psychanalystes américains, le gigantesque plan d'espionnage de toutes les formes de communication sur l'Internet qui vient d'être dévoilé ne m'a pas vraiment surprise. Il n'a pas surpris non plus ceux que je lis depuis longtemps, me formant peu à peu grâce à eux à la réflexion sur les technologies, leurs usages et évolution. Ils ont le jour même publié des études très détaillées, permettant d'approcher au mieux et de comprendre un peu le fonctionnement de ce PRISM inventé par l'espionnage américain.

affordance http://affordance.typepad.com//mon_weblog/
zeroseconde http://zeroseconde.blogspot.fr/
korben http://korben.info/prism-ce-que-fait-reellement-big-brother.html
La lecture régulière de Philippe Quéau m'avait aussi familiarisée avec les mouvements de fonds qui ont complétement transformé notre Internet d'origine (le bel internet) et, dans le climat actuel, cette synthèse De l’éducation aux cultures numériques tombe à pic .

Ces systèmes de ramassage de toutes les données, et notamment de toutes celles qui -circulant à travers le territoire des Etats Unis - proviennent de personnes qui NE SONT PAS des citoyens américains, la prévision de stockages gigantesques s'ajoutant à ceux déjà existants posent à un psychanalyste des problèmes particuliers et graves (un peu comme ceux qui ont déjà été expérimentés quoique à petite échelle dans des régimes de dictature).

1- Un psychanalyste sur Skype ne peut assurer la confidentialité d'aucun échange

2- Sans le savoir il peut fournir du matériel qui concerne non seulement la personne avec laquelle il "travaille", mais tout le réseau qui la concerne (avec les mots-clés et éléments qu'elle partage avec d'autres et qu'il ignore). Tout son propre réseau (dont il ignore ce qui a été ramassé, depuis quand et comment) entre aussi en relation avec cette autre personne. Un jour, dans un autre climat politique, une recherche transversale ultra rapide malgré la masse des données (qui n'utilisera peut-être même pas les mots principaux, voir Martin Lessard) fera apparaitre un lien utilisable, quand bien même il serait vide de sens pour un humain, mais pas pour une machine..

3- J'ai beaucoup souri (avec amertume..) en examinant les conseils de Korben.J'avais depuis longtemps compris qu'il valait mieux ne pas utiliser les serveurs des US ou autres..mais la masse des sites qui sont là bas est énorme et sûrement beaucoup hésiteraient à les rapatrier. Ne plus utiliser Skype en y impliquant d'autres que soi, c'est évident. Tout le monde aura compris que déjà, assurer le mieux possible sa vie personnelle est presqu'impossible, mais que-comme chacun de nous est pris dans une masse de relations- nos "amis" entraineront nos données malgré nous dans leur propres imprudences. Ainsi je n'ai jamais eu d'adresse gmail, mais dans mon groupe, elles sont dominantes. Et allons juste un peu plus loin: ce que font les US, d'autres états peuvent tenter de l' imiter. Qui peut être certain de ce que l'Europe va devenir.?

4- Les mots qui viennent dans un travail de psychanalyse avec l'inconscient sont parfois des mots terribles. Bien que mots du fantasme , ils sont apparentés aux mots du terrorisme (désir de meurtre , mots du sadisme..). Décontextualisés, quel pourrait être leur sort éventuel pour une oreille machinique ?

La pratique de la psychanalyse et de la psychothérapie psychanalytique sur l'Internet ACTUEL:

- installe un dispositif inverse de celui de la méthode créée par Freud en réintroduisant massivement le scopique.

- rend impossible l'association dite libre(même a minima) : sur les dispositifs actuels, il est clair que la communication de tout un chacun va être dominée par des formes d'autosurveillance. Quel matériel inconscient pourrait bien se présenter dans un régime d'hyper vigilance..?

- peut mettre en danger (présent ou futur) les personnes qui n'ont pas conscience des risques de ces fonctionnements, d'autant plus qu'ils font partie de la vie courante banale.